Malatesta : les anarchistes et les mouvements ouvriers. 2

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Classé dans : Lectures Mots clés : syndicats

La tâche des anarchistes est de travailler à renforcer les consciences révolutionnaires des organisés et à rester dans les syndicats, toujours en tant qu'anarchistes.

Il est vrai que, dans bien des cas, les syndicats sont contraints de transiger et de faire des compromis, pour des raisons d'ordre immédiat. Je ne le leur reproche pas ; mais c'est précisément pour cette raison qu'il me faut bien reconnaître que l'essence des syndicats est d'être réformistes.

Les syndicats font un travail de fraternisation entre les masses prolétaires et ils éliminent les conflits qui, autrement, pourraient surgir entre travailleurs et travailleurs.

Alors que les syndicats doivent lutter pour conquérir des avantages immédiats - et d'ailleurs, il est juste et humain que les travailleurs demandent des améliorations -, les révolutionnaires vont au-delà. Ils luttent pour la révolution qui expropriera le capital et abattra l'État, tous les États, quel que soit leur nom. L'esclavage économique étant le fruit de l'esclavage politique, il faut en finir avec ce dernier pour éliminer le premier, bien que Marx ait soutenu le contraire.

Pourquoi le paysan porte-t-il le grain au patron ?

Parce que le gendarme est là pour l'y obliger.

La lutte devant être menée, y compris sur le terrain politique, pour détruire l'État, le syndicalisme ne peut donc pas être une fin en lui-même.

Les anarchistes ne veulent pas dominer l'U.S.I. ; ils ne le voudraient même pas si tous les ouvriers qui en sont membres étaient anarchistes ; et ils n'entendent pas non plus assumer la responsabilité des concessions.

Ce que nous visons, nous qui ne voulons pas le pouvoir, ce sont simplement les consciences. Ce sont ceux qui veulent dominer qui préfèrent avoir affaire à des moutons pour mieux pouvoir les mener où ils veulent.

Nous préférons des ouvriers intelligents, même s'ils étaient contre nous, à des anarchistes qui ne seraient anarchistes que parce qu'ils nous suivraient comme des moutons.

Nous voulons la liberté, pour tous ; nous voulons que la révolution, ce soit la masse qui la fasse, pour la masse.

L'homme qui pense avec sa propre tête est préférable à celui qui approuve tout aveuglément. C'est pourquoi, en tant qu'anarchistes, nous sommes pour l'U.S.I. : elle développe la conscience de la masse. Il vaut mieux une erreur commise par quelqu'un de conscient qui a cru bien faire plutôt qu'une bonne chose faite servilement.

Umanità Nova, 14 mars 1922

Errico Malatesta. Écrits choisis

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