Le courageux combat des sans-papiers vitriots
Le 19 octobre 2010, les sans-papiers de Vitry-sur-Seine réunis en collectif en ont eu marre d’attendre une régularisation toujours à venir : ils ont occupé le centre des impôts. Évacués le soir même sur ordre du préfet, ils sont restés sur le trottoir. Les policiers sont finalement repartis ; eux n’ont pas bougé. Depuis, ils tiennent le trottoir jour et nuit, décidés à ne pas le quitter d’eux-mêmes sans avoir obtenu une régularisation pour tous, sans conditions.
Les conditions requises pour obtenir une régularisation sont très restrictives. Aussi, après bientôt trois mois, subissant froid, pressions et autres difficultés, ils restent déterminés. Une délégation a été reçue à la préfecture et des dossiers de demandes de régularisations sont en préparation, avec l’aide des militants de leur comité de soutien ; mais ils savent qu’ils n’en ont pas encore fini : s’ils ont tenu jusqu’à maintenant, c’est pour qu’on ne leur dénie plus le droit de vivre ici.
Ils savent leur combat juste et ils entendent le mener eux-mêmes. Ils ont choisi de se regrouper dans leur ville et de s’attaquer à l’État, qui encaisse leurs impôts et cotisations mais les fait pourchasser. Ils ont entraîné de nombreux habitants de Vitry à les soutenir. Ceux qui passent les voir, cinq minutes ou une nuit, les bras vides ou chargés, sont reçus avec chaleur et simplicité.
Ils dénoncent aussi les patrons qui profitent de leur situation, réclament la liberté de circuler, et se disent même pour l’abolition des frontières. Quelques-uns n’ont pas hésité à aller encourager et conseiller des sans-papiers marseillais à surmonter la crainte d’une arrestation et à s’organiser, à l’exemple des milliers de sans-papiers déjà en grève.
Fraternité, liberté, égalité, ces mots que les républiques n’utilisent que comme un slogan et qui sont censés représentés une répugnante identité nationale
, signifient bien autre chose pour eux : ils les ont écrits au-dessus de leurs tentes pour nous appeler toutes et tous à les rejoindre dans la lutte. Puissent-ils tenir jusque-là...