Dans la peur de se faire expulser

Rédigé par inconnu 8 commentaires
Classé dans : Articles Mots clés : Rroms

Si l'on en croit les responsables du PCF, les élus communistes sont aux avant-postes pour le droit des Roms.1 En voici un exemple, à Bagnolet (93)…

En 2007, la mairie ouvrait un foyer pour héberger des Roms adultes… à condition qu'ils renvoient leurs enfants en Bulgarie ! La création d'un village d'insertion (des centres de semi-internement interdits d'accès à toute personne extérieure, sous l'œil de vigiles de sociétés privées de sécurité2) a permis à la mairie de communiquer sur son action en faveur des Roms, tout en chassant ceux qui n'y avaient pas de place ou n'en voulaient pas. Et puis, plus discrètement, quelques années plus tard, elle décide de fermer ce village, dont les habitants apprennent par lettre du 14 juin 2011 que seuls ceux qui auront trouvé un travail au 15 juin (le lendemain) seront — éventuellement — relogés… Une lettre qui leur indique qu'ils peuvent bénéficier de l'aide au retour humanitaire3

Une lettre que le maire a cosigné avec le sous-préfet ; car dénoncer le gouvernement ne l'empêche pas de travailler main dans la main avec lui : quand les CRS saccagent les affaires des vendeurs roms du marché de Bagnolet, ce sont les employés municipaux (nettoiement ou environnement) qui passent derrière faire le ménage4. D'autant plus que Bagnolet fait partie des villes qui veulent éradiquer leurs taudis — ou plus pudiquement résorber les logements insalubres5, et qu'elle a demandé (et obtenu) l'aide de l'État pour cela en se portant candidate pour l'application du Programme national de requalification des quartiers anciens dégradés (PNRQAD6).

Ainsi, pendant qu'à la télévision publique, spécialistes et experts tiennent des propos qui consistaient en une dénonciation sans appel ni réserve de la communauté Roms à travers des affirmations péremptoires et des constats lapidaires et non étayés7 — ce qui fut qualifié par la Justice dans un premier temps de provocation à la haine raciale mais finalement déclaré question d'intérêt public dans un dernier verdict8 — le maire de Bagnolet déclare qu'il faut traiter [les Roms] autrement que par la haine et les expulsions9 ; mais quand des Roms s'installent dans une maison vide de sa commune, rue de l'Avenir, il fait en sorte de leur signifier que l'avenir pour eux est ailleurs.

Pour expulser les squatteurs de sa ville, la Mairie voisine et verte de Montreuil, par lettre indique au propriétaire qu'elle utilisera ses pouvoirs de police pour se substituer à lui [à ses frais] dans le cas où il ne ferait pas procédér à l'expulsion. Une lettre du préfet invite également le propriétaire à diligenter les procédures judiciaires pour faire expulser les occupants. Les habitants de Los Angeles se sont ainsi fait expulser, leur maison détruite de l'intérieur (murs, fenêtres et robinetterie défoncés), toutes les entrées murées, avant que le jugement en appel, qui leur sera favorable, ne soit rendu.10

Le propriétaire de la maison des Roms rue de l'Avenir étant inconnu, c'est sur ses habitants qu'il est fait pression. Les keufs sont venus deux fois, délivrant huit avis d'expulsion du territoire (OQTF) aux personnes présentes puis embarquant un homme pour l'enfermer immédiatement en centre de rétention. S'il a été libéré pour incompatibilité de son état de santé constaté par le médecin du centre, le tribunal n'y avait pas vu d'obstacle, pas plus que la présence de ses enfants ne pouvait empêcher son expulsion : ils n'avaient qu'à le suivre !

La préfecture a prononcé un arrêté d'insalubrité sur leur maison, un de plus dans un département où il y a un millier d'habitations frappées d'un arrêté d'insalubrité, irrémédiable pour 450 d'entre elles.11 Arrêtés délivrés sur demande des services d'hygiène municipaux… Et sans aucune proposition de relogement pour les habitants expulsés. Les gens vivent non seulement dans la peur de se faire expulser de leur maison, mais aussi dans la crainte de se faire arrêter chez eux pour être enfermés en centre de rétention et expulsés. Nous cherchons des moyens de lutter pour qu'ils restent dans notre quartier.


1. Quel monde voulons-nous ? www.pcf.fr

2. Halte à l'internement des Roms dans les villages d'insertion, La Voix des Rroms

3. La fin douloureuse du village d'insertion rom, Le parisien

4. La répression contre les Roms s'intensifie au Pont de Bagnolet, Indymedia Paris

5. Six villes veulent éradiquer leurs taudis, Le Parisien

6. Casse-toi, pauvre !, Le Monde libertaire

7. Cour de cassation - Chambre criminelle, 07 juin 2011, Affaire C dans l'air, http://junon.univ-cezanne.fr/u3iredic/

8. Cour de cassation, Chambre criminelle, 7 juin 2011, 10-85.179, www.legifrance.gouv.fr

9. Les Roms : une question humaine qu'il faut traiter autrement que par la haine et les expulsions, communiqué du maire de Bagnolet, pcf-bagnolet.over-blog.com

10. Montreuil : non aux expulsions, même encadrées par la mairie, Coordination des intermittents et précaires d'Île-de-France

11. Six millions contre l'habitat insalubre, Le Parisien

8 commentaires

#1  - un simple voisin a dit :

Cher monsieur, où habitez vous par rapport au camps de rom de la rue de l'avenir? Car moi j'habite à 20 mètres.
et concrètement en deux ans ma rue est devenue une poubelle. Et je suis allé plusieurs fois parler au bulgars et rien ne change cela devient simplement de pire en pire. Et ce n'est pas normal, il y a eu de nombreuses pétitions pour que les roms soient explusés. Je n'ai jamais signé pour le principe.
et aujourd'hui je ne signerai pas non plus sans doute parceque je suis trop con. car le fait d'être rom n'autorise pas à jeter tout son bordel sur la voie plublique et à se foutre très clairement du voisinage.
Aujourd'hui contrairement à ce que vous dites les riverains sont excédés par l'état du quartier et si la mairie ne prend pa ses responsabilités concernant le propreté, je serai heureux de les voir partir car nous sommes à bout. Le fait qu'ils vivent là ne me dérangerait pas s'ils respectés le minimum des règles pour que nous puissions vivre ensemble et ce n'est pas le cas.

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#2  - Nicolas a dit :

c'est vrai, il y a des choses affreuses dans ce monde : il y a des déchets dans ta rue... Que des êtres humains soient obligés de s'entasser dans des taudis ou des abris de fortune, qu'ils soient obligés de fouiller dans tes poubelles et de mettre les restes sur le trottoir pour pouvoir vivre, qu'on les chasse de force y compris en les séparant de leur famille parce qu'ils ne sont pas tatoués "français", et qu'ils subissent en plus le racisme, le mépris et les pétitions de leurs voisins, ça va encore ; mais que ton trottoir soit sale, ça c'est insupportable !... Je sais pas quelles règles tu penses nécessaire pour pouvoir vivre ensemble, mais quelles qu'elles soient, j'aurais beaucoup de mal à être ton voisin. Et c'est bien des gens du quartier qui sont cités à la fin de l'article.

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#3  - un voisin a dit :

Cher Nicolas, merci beaucoup pour votre réponse.
cependant vous ne répondez pas vraiment à la question. Où vivez vous par rapport à la rue de l'avenir dont vous parlez?
Etes vous déjà simplement allé rue de l'avenir ou au croisement avec la rue Victor Hugo?

Concernant les voisins que vous aimeriez avoir, je doute fort, si vous avez des jeunes enfants que cela vous réjouisse d'avoir des déchets chaque jours devant le pas de votre porte et votre rue bloqué par des caddies, de la ferraille et de la merde.

Si vous ne pouvez pas entendre que c'est important pour tout le monde d'avoir une rue qui ne soit pas une poubelle alors très franchement je ne comprend pas votre raisonnement bien qu'il semble pour le moins assez simpliste.

Car il semble se résumer à dire qu'une certaine condition sociale implique qu'on ne respecte pas les règles les plus basiques pour vivre en communauté. Qu'on est comme ça et c'est tout et qu'on ne changera pas. Je trouve ce discours inquiétant.

car derrière des airs angéliques et moralisateurs, c'est un discours les plus conservateurs et des plus à droite enrobés de paroles pseudo humaniste sympathiques.
Comme une belle publicité pour Benneton, c'est bien joli mais ça n'a pas de fond.

Ce n'est pas parce qu'il y la guerre aen somalie que vous devez acceptez des seringues dans votre escalier. Cela n'a rien à voir et c'est le raccourci bien trop facile d'un raisonnement politique primaire. En effet, votre tirade sur la misère du monde et votre petit côté français sont un peu ridicule.

Que connaissez vous réellement de l'étranger , du racisme et de la misère du monde?
Pourquoi quand on parle de problème de saleté dans la rue vous sortez l'argument du racisme?

Sachez d'abord que je ne suis pas blanc, et que le racisme j'y était confronté très directement. Pour les boites de nuit. Pour l'emploi. Pour le logement. Et bien c'est triste et ca m'a sacrement fait emmerdé. Mais cela ne m'autorise pourtant pas à faire ce que je veux.

Sachez également que je suis arrivé en France avec ma famille quand j'avais 4 ans. et que j'ai grandit aux 3000 à Aulnay. Un endroit dont vous avez surement écrit de long discours mais où concrètement vous ne savez pas une seconde ce que cela signifie sur 15 ans au quotidien. C'est de la littérature pour vous.

Sachez que la moite de ma famille vit dans un pays où la misère n'a absolument rien à voir avec celle de la France. Et que mes parents qui sont aujoud'hu'i rentrés en Afrique vivent principalement de l'argent envoyés de France.

Sachez que même si aujourd'hui' je vis correctement, je suis je suis d'origine très modeste et que la majorité de ma famille ne gagne pas plus que les bulgares de ma rue donc votre discours européanno culpabilisant ne me touche pas une seconde et me fais simplement sourire tellement je trouve cela gentiment pathos.

Et j'aspire en effet à avoir un quartier propre pour vivre pas une rue qui ressemble à un getho de la banlieue de Detroit ou de Lagos.

Pourquoi est ce que cela doit être reservée aux classes aisées d'avoir une rue propre ?

Et en plus des gentis petits soldats militant veulent me culpabiliser. Je suis d'un milieu populaire donc ma rue peut être degeulasse et je ferme ma gueule?

La pertinence de votre propos ne me fait pas douter que vous aurez certainement une réponse très intelligente sur ce point.

Malheureusement c'est ce genre de discours basiques qui fait que la moitié de ma rue signe des pétitions pour expulser les roms et qu'une partie votera à droite alors que le quartier a toujours été communiste depuis 15 ans que j'y suis. Votre discours est basique, absolument pas pragmatique et surtout contre productif.

Donc au lieu de donner des leçons et de faire votre pseudo libertaire parisien vous devriez sans doute regarder la réalité sans prisme idéologique ethno coupablo européen car cela ne fait rien avancer.

Par ailleurs votre article commence par "si l'on en croit les responsable du PCF..." en renvoyant sur un article d'un parti
ce qui montre à quel point vous ne connaissez absolument pas le sujet dont vous parlez . vous agisez simplement comme un petit journaliste soldat militant mal informé qui n'a rien regardé , rien vérifié et qui sort des vieilles ficelles culpabilisante lorque qu'on remet en cause son article.

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#4  - Nicolas a dit :

je ne dis pas "qu'un certaine condition sociale implique qu'on ne respecte pas les règles les plus basiques pour vivre en communauté. Qu'on est comme ça et c'est tout et qu'on ne changera pas." Mais devoir vivre comme les Roms, ça ne me semble pas faire partie des "règles les plus basiques pour vivre en communauté". Et je ne fais pas de raccourci avec la Somalie. Que tu aspires à vivre dans un quartier propre, je n'y vois pas d'inconvénient (même si je ne trouve pas ça très ambitieux). Mais être prêt pour cela à foutre des familles à la rue... On y meurt d'être à la rue, tu dois bien être au courant.

"Et en plus des gentils petits soldats militant veulent me culpabiliser. Je suis d'un milieu populaire donc ma rue peut être dégueulasse et je ferme ma gueule ? La pertinence de votre propos ne me fait pas douter que vous aurez certainement une réponse très intelligente sur ce point."
La voici, ma réponse. C'est en te lisant que j'ai eu l'impression qu'un gentil petit soldat militant voulait me culpabiliser, en me disant que mon discours était "des plus à droite" et "contre productif" puisque "c'est ce genre de discours basique" (qui critiquent des élus communistes) qui feraient que tes voisins qui votaient PC depuis 15 ans vont voter à droite. Moi, quand j'ouvre ma gueule, c'est pas pour réclamer de foutre des gens à la rue. Et si tes voisins de gauche votent à droite pour que leur trottoir soit propre, c'est que c'est des sacrés connards, et ça j'y suis pour rien.

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#5  - un voisin du monde réel a dit :

Cher Nicolas.
J'apprécie beaucoup la pertinence et la cohérence de votre propos
Cependant vous n'avez pas répondu à ma question qui pourtant est simple
Etes vous déjà allé à l'endroit dont vous parlez dans votre article?

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#6  - Nicolas a dit :

Contrairement à ce que vous imaginez, je fais aussi partie du monde réel et je sais à quoi ressemble un camp de Roms. Qu'ils puissent vivre dignement et on reparlera (éventuellement) de leur saleté.

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#7  - RRR a dit :

Tu parles de Montreuil et pas de Bagnolet. Le village d'insertion est à mairie de Montreuil par exemple et le PNRQAD concerne le Bas Bagnolet et le Bas Montreuil dans le cadre de la rénovation urbaine.

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#8  - Nicolas a dit :

Je parle du village d'insertion de Bagnolet, celui dont il est question ici par exemple : http://rroms.blogspot.fr/2011/06/bagnolet-village-dinsertion-village.html . Ceci dit, Montreuil ou Bagnolet, PC ou Verts, ça se vaut. Et le PNRQAD, comme tu l'écris, concerne les deux villes.

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