On vit ici, on reste ici ? (1)
Le PCF expulse des mal-logés dans le XIVème à Paris
Nous occupions un immeuble depuis plus d'une semaine au 149 rue du Château. Pour nous, il appartenait à une mystérieuse société anonyme immobilière, domiciliée dans le IXème arrondissement et était vide depuis deux ans. Nous avions d'ailleurs accueilli un technicien EDF le jeudi 13 décembre au matin.
Nous étions une dizaine, mal-logés et sans-domiciles, parfois déjà expulsés à plusieurs reprises, répartis dans les différents appartements. Discrètement, nous avions aménagé plusieurs étages du bâtiment avec des meubles et autres équipements.
Mardi midi, la police est venue frapper à la porte. Nous ne nous sommes pas montrés.
Mercredi matin, ils sont revenus, plus insistants. Ne les voyant pas partir, deux personnes sont sorties leur parler, une facture d'électricité datée du 16 décembre à la main. La police est restée faire le siège du bâtiment, ne laissant que trois personnes aller travailler le matin.
Plus tard, un rassemblement spontané a eu lieu dans la rue. Il était en fait composé, en partie, d'élus et de responsables des Verts et du Parti communiste. Ceux-ci nous ont assurés de leur soutien, et qu'aucune plainte ne serait déposée.
Pourtant, en début de soirée, une militante du parti communiste se présentant comme la propriétaire s'est rendue au commissariat pour porter plainte. Une demi-heure plus tard, nous étions expulsés.
Pourquoi ? Les pressions de la police ont-elles été suffisantes pour inverser les positions du Parti communiste ? Ou encore le parti ne voulait-il pas perdre la plus-value immobilière programmée du bâtiment ? Nous avons appris qu'il a déjà été mis en vente sur le marché privé et que la transaction avait échoué. Doit-on rappeler que le PC affirme dans son programme : Nous appliquerons la loi de réquisition des logements vacants et engagerons un plan de mobilisation des logements vides.
, Nous sortirons le logement de l'emprise de la loi du marché et de la spéculation.
?
Nous avons aussi appris dans Le Parisien du vendredi 21 décembre 20122 que le Parti communiste voyait dans notre histoire une opération politique
, tandis que les Verts jugeaient la position du propriétaire étonnante et décevante
.
Nous apprenons également3 que Hélène Bidard, élue communiste, présidente directrice générale de la société immobilière propriétaire de l'immeuble, donc celle qui porte la plainte, a de fort beaux mots au Conseil de Paris pour parler de la crise du logement, qu'elle connaît bien en tant que présidente d'un bailleur social (Semidep) : Par un vœu, notre groupe demande que la Ville mette à disposition tous les bâtiments vacants en sa possession, susceptibles d'être mis à disposition de l'hébergement d'urgence […] Les enjeux du logement sont cruciaux, ils répondent à un besoin absolument prioritaire pour les Parisiennes et les Parisiens
.
Nous observons également que la ministre du logement appartient au parti Europe écologie, que le Parti communiste participe à la majorité d'arrondissement depuis 2001, que celle-ci était dirigée par Pierre Castagnoux du PS4, président de la RIVP et qu'elle y côtoie toujours René Dutrey (EELV), ex-président de la Siemp, société municipale qui détruit des taudis et des appartements délabrés pour les transformer en logements inaccessibles à la majorité des Parisiens. Tous ces partis participent à la politique du logement à Paris et en France, et les expulsions continuent au même rythme que les années passées. Notre but n'est pas de jouer l'un contre l'autre mais bien de nous loger.
Les expulsés de la rue du Château
1. L'un des slogans retrouvés sur les affiches qui ornaient le salon de l'immeuble du PC dont nous venons de nous faire expulser, aux côtés d'autres, tels que Ne laissons pas la spéculation immobilière dévorer notre Capitale
ou encore Arrêter les expulsions et reconstruire des logements
…
2. http://www.leparisien.fr/reactions/espace-premium/paris-75/le-pc-expulse-des-squatteurs-21-12-2012-2423947.php
3. http://unmilitant.overblog.com/
4. http://www.liberation.fr/politiques/01012370761-logement-social-chevenement-ne-veut-pas-demenager