Une semaine agitée sur la Zad d’Echillais

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Petit compte rendu des dernières actions récentes (semaine du 9 au 14 mars) qui ont eu lieu dans le cadre de la lutte contre le méga-incinérateur d’Echillais.

Bref rappel : à Echillais, près de Rochefort, une trentaine de personnes occupent une parcelle destinée à accueillir un hyper-incinérateur pour remplacer celui qui est déjà sur place, jugé trop petit. Depuis trois ans, des actions en tous genres sont menées contre ce projet made in Vinci. L’asso citoyenne locale, Pays Rochefortais Alert, se désolidarise systématiquement des initiatives qui n’émanent pas de ses rangs (ou plutôt, devrait-on dire, de son bureau politique) et ne soutient pas la Zad. Pourtant, des choses intéressantes se mettent en place.

Dans la nuit de lundi à mardi, les locaux de Vinci à Royan (40 km de la Zad) ont été attaqués à coups de pierres et bombes de peinture.

Dans la journée de mardi, les zadistes ont installé des chicanes pour ralentir les camions de Véolia, en représailles après le vol de banderoles de la part du directeur et des employés de l’incinérateur actuel. Les flics ont été reçus à coups d’œufs de peinture et de divers projectiles.

Jeudi soir, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées en hommage à Rémi Fraisse et en soutien aux expulsé‑e‑s de la Zad de Sivens. Un cortège s’est élancé vers le Palais des Congrès, où une réunion s’est tenue devant deux cents soutiens de la Zad. En parallèle, cent mètres plus loin, une opération policière raciste, qui aurait pu dégénérer en rafle, a été avortée par l’intervention d’une trentaine de personnes présentes sur la réunion.

Samedi après-midi, plusieurs centaines (au moins trois cents) de personnes se sont rassemblées place Colbert pour la première manifestation à l’appel des zadistes. Les récupérateurs électoraux étaient de la partie : Front de Gauche, E.E.L.V., P.S. et même le Front National. Encerclés par une vingtaine de manifestant‑e‑s, les quelques fachos présents ont été obligés de s’enfuir sous les insultes, et ce malgré l’intervention en leur faveur de beaucoup de braves militant‑e‑s de gauche. Le cortège s’est ensuite ébranlé en criant Ni incinérateur ni récupérateurs, Zad partout !, ce qui a fait fuir les derniers vautours étiquetés. Les flics, présents en surnombre, ont tenté d’imposer un parcours mais ils ont rapidement compris qu’ils n’y arriveraient pas. Le cortège a quitté la place en criant Du sang sur les mains, flics, porcs, assassins ! Assez vite, plusieurs groupes masqués commencent à peinturlurer murs et routes. Des Zad partout, des Vinci dégage ! et des Rémi RIP fleurissent dans Rochefort, qui n’a jamais vu ça. Des topinambours (qui ont la particularité de pousser très facilement partout) sont plantés dans les pelouses et les jardinières de la ville. Des craies et des bombes de peinture sont distribuées aux manifestant‑e‑s surpris‑e‑s mais globalement content‑e‑s. Les panneaux électoraux ne survivront pas au passage de la manifestation et un peu de mobilier urbain mineur (poteaux, panneaux) a été détérioré. La manif se disperse vers 17 heures, sans aucune arrestation. Les flics sont dégoûtés.

Tout ça pour vous dire qu’il y a une lutte intéressante sur place. Ça tatônne, ça se cherche, mais ça commence à se trouver. Et pourtant, ce n’est pas facile. Les zadistes sont trop peu nombreux/ses sur place, les soutiens trop peu présent‑e‑s ou trop frileux/ses. Les tentatives d’infiltration par divers mouvements politiques plus ou moins douteux sont fréquentes et le seul moyen de communication (fesse de bouc) est entre les mains d’une personne assez douteuse qui n’est pas présente sur le site. Cette personne n’hésite pas à condamner publiquement l’attaque des locaux de Vinci ainsi que l’expulsion du F.N. de la manif de samedi. Pire, on trouve maintenant des appels au vote (U.D.I.) sur la page estampillée Zad Echillais. Le meilleur moyen (pour ne pas dire le seul) pour joindre les zadistes reste encore de passer les voir directement sur place ou de participer aux prochains rendez-vous (que je tâcherai de poster sur l’agenda d’Indy).

En attendant, voici un petit tract, lu sur place, qui je pense vaut la peine d’être diffusé.

Sivens – Notre-Dame-des-Landes – Echillais – Marais Poitevin
Nous ferons de votre (vieux) monde une immense Zad !

Aéroport du Grand Ouest, barrage du Tescou, incinérateur d’Echillais, autoroute A831 (Rochefort/Fontenay-le-Comte)… Quiconque a pris part à au moins à une de ces luttes plus d’une semaine ne peut continuer d’affirmer qu’il s’agit de luttes partielles, isolées, ni mêmes locales. Il s’agit bien maintenant d’affirmer notre refus de leur monde, d’avancer par tous les moyens possibles vers sa destruction et d’entériner la construction d’autres rapports humains, d’autres rapports au vivant, d’autres rapports à la nature.

Leur monde, c’est le capitalisme. Le seul langage connu est celui de l’argent et du profit. Quand on dézingue une zone humide riche en faune et flore protégées, on parle de mettre en place des zones de compensation, comme si la vie était compensable. Quand un opposant au barrage de Sivens se fait tuer par des gendarmes mobiles, on parle de casseurs, d’anarchistes, comme si certaines vies valaient moins que d’autres.

La guerre que nous livre leur monde, auparavant larvée et latente, est maintenant assumée. Non satisfaits de blesser, mutiler, humilier, emprisonner, les valets du Capital ont maintenant le droit de tuer sans être inquiétés. Et si, par des méthodes de guérilla champêtre et par une stratégie de guerre de position, nous parvenons à leur résister plus d’une saison, alors qu’à cela ne tienne, ils nous envoient leurs milices.

C’est ce qui s’est passé la semaine dernière à Sivens. Des centaines de petits patrons (qui se prétendent agriculteurs) regroupés derrière une organisation fascisante (la F.N.S.E.A.) ont encerclé la Zad du Testet afin d’y pratiquer menaces, intimidations, destructions de matériel, violences physiques, verbales et sexuelles. Après quelques jours de tensions, le Conseil général a sauté sur l’occasion (ou a-t-il lui-même provoqué cette occasion ?) pour expulser la trentaine de zadistes présents sur place, à l’aide de plusieurs centaines de robocops surarmés.

Et pourtant, beaucoup d’opposants semblent ne pas réaliser (ou ne pas assumer) l’ampleur de la guerre en cours. Ils s’affublent de petits noms vides de sens créés par le pouvoir, tels que militants, citoyens ou encore pacifistes. Ils se désolidarisent (c’est d’ailleurs ce qu’ils font le mieux) à la moindre vitrine brisée, en hurlant à la violence. Mais ils restent muets face à la violence d’État, face à la violence des flics, face à la violence du Capital qui expulse des populations et détruit des forêts pour nous parquer dans leurs immondes métropoles.

Et pourtant leur vieux monde vacille. À l’automne 2012, des centaines de personnes se rassemblent sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes et mettent en échec l’opération policière, sobrement appelée César (mais non, non, nous ne sommes pas en guerre, continuez, ne changez rien), visant à expulser les zadistes installés sur place. Deux ans plus tard, rebelote à Sivens, les escadrons de gendarmerie n’arriveront pas à bout de l’intelligence collective et de l’ingéniosité des combattants de la vallée. À Nantes, un certain 22 février, les vitrines tombent, les engins de chantier crament et le centre-ville est repris par le peuple. Après la mort de Rémi, partout en France, des milliers de personnes défient la police, campent sur les places, cadenassent les gendarmeries. Et ce n’est qu’un début.

Leur monde ne nous correspond pas, ou plutôt nous n’acceptons pas de correspondre à leur monde. C’est pour ça que nous nous sommes battus, que nous nous battons et que nous nous battrons encore. Il existe mille moyens d’attaquer, de ralentir ou de bloquer ce système. À chacun, individuellement mais aussi (et surtout) collectivement, de choisir les armes et les méthodes qui lui semblent le plus appropriées.

Isolés, nous ne sommes rien. Pour mettre en échec la logique capitaliste, nous devons être partout, tout le temps. Hier à Notre-Dame-des-Landes, aujourd’hui à Echillais et à Sivens, demain dans le marais poitevin contre l’autoroute. Si des flics ou des milices fascistes débarquent sur une Zad, nous bougerons massivement pour la reprendre. Dès qu’une métropole tentera de grignoter des espaces de vie, nous nous organiserons pour l’en empêcher.

Tant que vous aménagerez, nous saccagerons.

Des individus opposés à l’incinérateur d’Echillais et à l’A831, ainsi que (et surtout) au monde qui les produit.

Collectif ZAD Lyon

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