Discussion autour du livre « Micropolitiques des groupes »
Comprendre et tenter de résoudre les dysfonctionnements collectifs
Vendredi 9 octobre à partir de 19h30
Librairie Publico, 145 rue Amelot, 75011 Paris
métro Oberkampf / République / Filles du Calvaire
Un groupe n’est pas seulement une somme d’individus. La macropolitique d’un groupe, c’est son projet, ses objectifs. La micropolitique, ce sont les rapports sociaux au sein du groupe, ses règles, ses dysfonctionnements.
Conflits de pouvoir, scissions, psychologisation…, autant de mots qui marquent trop d’histoires de groupes. Mais sommes-nous capables de tirer des leçons de ces échecs ? N’y a-t-il pas des savoirs à cultiver pour les éviter de reproduire certaines erreurs ? Comment apprendre de sa propre expérience et de l’expérience des autres ?
Le livre se base pour l’essentiel sur des situations vécues et se découpe en chapitres thématiques : rôles, décider, réunion, évaluer, artifice, groupe en crise, pouvoir, scission, parler, autodissolution, souci de soi…
Dans le regard que l’on pose sur une pratique collective, nous avons souvent tendance à remplacer
la relation(le pouvoir comme rapport entre des personnes, donc entre des forces) parl’identité(le pouvoir comme attribut incarné, comme étant le fait d’une personne). On dira qu’Untel a le pouvoir et, selon le rapport que nous entretenons avec lui, nous allons le juger positivement (heureusement qu’il est là !) ou négativement (c’est un salaud, un despote et un manipulateur) et celui qui se trouve contesté répliquera en se plaçant sur le même plan de langage et d’analyse (celui qui m’attaque en fait une affaire personnelle, un cas clair de paranoïa et de conflit interindividuel, une histoire de jalousie et de frustration…)Ce procédé nous amène à nous focaliser sur les conséquences d’une situation, à savoir les attributs et les positions dont disposent et jouissent les uns et les autres, et à ignorer les causes, les mécanismes, les différents facteurs, notamment historiques, qui produisent à un moment donné les rapports actuellement en vigueur. On occulte donc une question importante : comment se créent et se produisent les relations de pouvoir et se distribuent les attributs qui en découlent, qui contribuent à les faire évoluer ou à les figer ?
Car si l’on suit Michel Foucault, le pouvoir s’exerce (relation) avant de se posséder (attribut) et il passe par les dominés non moins que par les dominants. Ces deux thèses devraient orienter notre réflexion et nous amener à cette première question :
Comment en sont-ils arrivés là ? Et donc en quoi la situation qu’ils vivent, et les aspects dans lesquels ils se fixent, résultent-ils d’une production collective, où tous les acteurs sont intervenus peu ou prou ? En quoi cette situation fait-elle signe d’un problème de groupe ?Souvent, dans les moments de tensions, de conflits, où nous nous posons cette question, nous sommes à l’aboutissement (toujours provisoire, toujours mobile) d’un système de relations qui a fonctionné pendant plusieurs années. Un système et une dynamique qui, au fil du temps, ont vu une ou plusieurs forces imposer des rythmes ou des logiques aux autres forces en présence. Ces autres forces ne sont pas restées purement passives, elles ont aussi bien accepté, encouragé, voire trouvé leur compte, qu’elles ont résisté, frondé ou fui les modes de relations de pouvoir qui, petit à petit, se sont installées.
Micropolitiques des groupes – Pour une écologie des pratiques collectives, David Vercauteren, 2007, HB éditions. Version en ligne.