Le théorème d’Archimerde
De la récupération électoraliste
À l'heure où ce numéro du Monde libertaire sera entre vos mains, la grève aura été reconduite — ou pas —, se sera amplifiée, ou le mouvement sera peut-être déjà relégué aux oubliettes de l’histoire, éteint faute de volonté de se battre.
Les obstacles sont là, multiples. La possible absence de combativité en est un, la crainte légitime de perte de revenus également, et parmi ces obstacles, l’idée d’une victoire sans lutte, sans effort, sans sacrifices financiers, en s’en remettant aux promesses électorales du PS.
La croyance en l’électoralisme est certainement le pire écueil pour la grève générale illimitée.
Il est si facile d’espérer en la gauche, d’attendre 2012…
Et pourtant, une partie significative des Français déclare ne pas croire en la promesse du Parti socialiste de ramener l’âge du départ à la retraite à 60 ans. Les mêmes disent également ne pas faire confiance aux politiciens.
Des signes qui indiquent une méfiance réelle envers la classe politique.
Un vieux camarade, ouvrier et anarchiste, aujourd’hui disparu, Paul Chenard, animateur de l’émission Le Père peinard sur Radio libertaire, aimait exposer son théorème d’Archimerde
: Toute revendication sociale plongée dans la politique en ressort comme un bâton merdeux.
Ils sont tous là, politicards, autoritaires de tous poils, ennemis de l’autonomie ouvrière, à vouloir transformer nos colères et nos révoltes en bulletins de vote. Peut-être que ce jeudi, le seul vote exprimé sera celui de la reconduction de la grève.
Les anarchistes, partout où ils le pourront, insuffleront des idées et des pratiques autogestionnaires.
À ce moment-là, surviennent toujours des hommes d’appareil et des craintifs pour nous opposer le langage de la prudence et du réalisme. Pour nous dire qu’il ne faut pas aller trop loin
.
C’est justement là où nous voulons aller !