Projection / discussion : Bon pied, bon œil et toute sa tête

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Classé dans : Rencontres Mots clés : validisme, antipsychiatrie

Dimanche 24 septembre 2023 à partir de 16 heures à la librairie du Monde libertaire (Publico), à l’initiative du Groupe libertaire d’Ivry, projection de Bon pied, bon œil et toute sa tête (80 minutes) suivie d’une discussion avec l’équipe de L’entonnoir, émission critique de la psychiatrie sur Radio Libertaire (le mercredi de 9 h 30 à 10 h 30).

Entrée libre
Publico, 145 rue Amelot, 75011 Paris
Métro République / Oberkampf / Filles du Calvaire

Bon pied, bon œil et toute sa tête a été réalisé en 1978 par Gérard Leblanc et le groupe Cinéthique, avec le Comité de lutte des handicapés et le Groupe information asile. Avec une grande originalité formelle, soutenant une remise en question radicale, ce film analyse les handicaps dans l’histoire de leurs représentations et de leur contexte social et politique, et documente la lutte des Handicapés méchants, des Psychiatrisés en lutte et autres trublions des années 70.

Les handicaps sont souvent présentés comme étant dûs au hasard ou à la fatalité. Ce film démontre au contraire les véritables causes de nombreux handicaps.

Mais s’il y a tant de forceps pratiqués (avec tous les risques possibles d’accidents, comme ils disent), c’est aussi parce qu’il y a beaucoup d’enfants qui naissent avant terme, beaucoup d’enfants prématurés ; et ces enfants prématurés ne sont ni le fruit du hasard ni le fruit du destin : ils sont le résultat des conditions de vie imposées aux femmes. Être enceinte ne nous dispense pas de travailler debout, de tenir les cadences et de subir les mêmes conditions de transport que les autres. Les principales causes de naissance avant terme, de prématurité sont liées à l’intensité et à la durée du travail. La prématurité, qui nécessite souvent l’utilisation des techniques de réanimation, peut créer de graves handicaps. Et c’est surtout sur les femmes de la classe ouvrière, sur les femmes des milieux populaires que pèse le poids des accidents génétiques. Même de ceux qui auraient pu être dépistés par des examens systématiques. Les anomalies chromosomiques sont souvent provoquées par des conditions de travail particulières.

Orientés dès l’enfance en fonction de notre utilité potentielle, nous sommes ensuite exploités, jusqu’à l’usure ou l’accident.

Pour la première fois, par une loi de 1898, la bourgeoisie reconnait que les accidents du travail doivent être indemnisés. Cette reconnaissance lui fut imposée par la lutte de classe du mouvement ouvrier. Mais quelle est la signification politique de cette reconnaissance ?

La loi indique : « L’accident du travail est un risque attaché à l’exercice de toute profession et particulièrement des métiers manuels. Le chef d’entreprise doit supporter ce risque, en dehors de toute considération de responsabilité et de faute, pour la seule raison qu’il est propriétaire de son entreprise et doit prévoir dans ses bilans l’usure et l’amortissement de son personnel, au même titre que l’usure et l’amortissement de ses machines. »

Indépendamment des problèmes liés à l’application de cette loi — la bourgeoisie reconnait le moins possible d’accidents, surtout elle a déplacé le poids économique de l’indemnisation sur les indemnisés eux-mêmes par le prélèvement des cotisations de la Sécurité sociale sur les salaires —, la loi de 1898 représente une victoire politique pour la bourgeoisie ; car elle noue entre accident et travail des liens indissolubles. Elle avance que l’accident est issu du travail aussi naturellement qu’un orage éclate dans le ciel. En mettant en avant la notion de risque inévitable, la classe dominante cherche ainsi à détourner le mouvement ouvrier de la lutte pour la suppression des causes des accidents.

Mutilés, handicapés physiques et mentaux ou « inadaptés sociaux » (les réfractaires au travail) sont rééduqués, soignés, protégés pour continuer à remplir le seul rôle auquel nous destine la société capitaliste : des machines à produire.

Prenant acte du nombre croissant de handicapés, en élargissant sans cesse le nombre par la notion de handicap social, qui fait de tous les exploités et de tous les opprimés des handicapés en puissance, le capital financier et son appareil d’État entendent développer un sous-prolétariat dans des entreprises adaptées à leur surexploitation. Des entreprises où les travailleurs sont privés de tous les droits élémentaires conquis par la classe ouvrière. Parfois même — dans les ateliers dit d’ergothérapie, dans les prisons — les travailleurs sont proches des esclaves. En échange de leur travail, il ne leur est même pas accordé de salaire, mais un pécule.

Nous ne voulons pas être intégrés, mais détruire cette société qui nous détruit, pour en construire une autre, où nous n’aurons pas de difficultés à nous adapter car ce sera la nôtre.

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