Un clitoris dans la gorge
C’est au lycée que je rencontrai Catherine Ribeiro. J’écoutais les Who, Deep Purple, Ten Years After… C’est un camarade qui me prêta un disque : Le Rat débile et l’Homme des champs d’un groupe dont je n’avais jamais entendu parler, Catherine Ribeiro + Alpes. En amour comme en musique il y a des coups de foudre. Ce fut instantané. Tout me parlait, me touchait, cette voix puissante et envoûtante, ces textes tendres et rageurs, la musique de Alpes, et puis ce visage…
Par la suite, cette découverte m’amena à m’ouvrir à la chanson française. Plus tard la vague punk m’emporta, puis le rap. Mais j’écoutais encore et toujours Catherine Ribeiro, une passion jamais éteinte. Si Catherine Ribeiro était une grande interprète, c’est malgré tout la période avec Alpes qui me marqua le plus et me fascina. Cette fusion, cette harmonie entre sa voix et la musique de Patrice Moullet, qui composait les musiques d’Alpes, devait donner quelque chose d’unique.
Avec des copains lycéens, lycéens du « technique », nous rejetions la destinée sociale qui était la nôtre, nous embrassions toutes les causes, faisions grève et manifestions à la première occasion. La voix de Catherine Ribeiro épousait notre quotidien, notre désir de vivre autant que notre mal être.
Et il y avait les concerts. Le premier dans un théâtre municipal de banlieue. Des bougies partout sur la scène. Comme pour une messe. Et Catherine Ribeiro, colère et tendresse, les bras en croix, ou le poing levé face à un public captivé. Je la retrouvai à Bobino, au Théâtre de la Ville, au Stadium avec Joan Pau Verdier, à une fête du journal Front libertaire, un gala de soutien à Radio libertaire ou encore au Bataclan.
Si je repense à mes années lycéennes, mes espoirs, mes colères, ma révolte avaient un visage. Celui de Catherine Ribeiro.
Laurent, Groupe libertaire d’Ivry
