Projection / discussion : Jeux vidéo et politique

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Le jeu vidéo, une affaire d’hommes ?
Documentaire de Nostalgeek (2023, 35 mn)
Dimanche 10 novembre 2024 à partir de 16 heures (accueil dès 15 heures)
Entrée libre
À l’invitation du Groupe libertaire d’Ivry
Librairie du Monde Libertaire (Publico), 145 rue Amelot, Paris 11
M° République / Oberkampf / Filles du Calvaire

« Je ne peux pas m’identifier au protagoniste de ce jeu car c’est une femme et je suis un homme. » Est‐ce que ce genre de déclaration ne cache pas quelque part des soucis un brin plus profonds ?

Le jeu vidéo, comme le cinéma, la B.D., la littérature… peut servir de support à des idées politiques de tous bords. Ce court métrage s’attaque plus spécifiquement au sexisme. Mais, de façon plus générale, existe‐t‐il des jeux luttant contre toutes les formes de discrimination, contre le capitalisme, l’État, la religion ? Des jeux vidéo anarchistes ?

Le sexisme dans le milieu du jeu vidéo

Les femmes travaillant dans l’industrie vidéoludique constatent une différence de salaire (25,3 % d’écart au bénéfice des hommes). Certains rejettent les designs de personnages féminins non hyper‐sexualisés. Dans les studios de développement français, les femmes représentent 24 % des effectifs alors qu’elles n’en constituaient que 10,6 % il y a 10 ans. Depuis 2018, nous constatons toujours la même disparité selon les catégories de métier, avec une sous‐représentation des femmes dans les métiers techniques (programmation, data). La question du harcèlement au bureau est également régulièrement soulevée. D’autres formes de sexisme évoquées sont le manque de volonté d’inclure des personnages féminins bien représentés dans les jeux vidéo.

Les jeux qui cherchent à mettre en avant des personnes non hommes peuvent entraîner un harcèlement de leurs scénaristes et développeurs : c’est le cas de Amber Scott, scénariste du jeu Baldur’s Gate : Siege of Dragonspear, harcelée en 2016. Elle a en effet inclus un personnage principal féminin et un personnage secondaire transgenre dans le jeu, en plus de se moquer du Gamergate* dans une réplique. En réponse à ces actions, elle est la cible d’une campagne de harcèlement et le jeu reçoit des retours négatifs en masse.
* Le Gamergate est une série de polémiques née durant le mois d’août 2014 ayant évolué en une campagne de harcèlement sexiste contre des femmes journalistes et développeuses.

En juillet 2021, suite à son harcèlement par un manager, une employée du studio américain de jeux vidéo Activision Blizzard se suicide. Deux mille de ses collègues signent alors une pétition protestant contre des méthodes de management, et organisent un mouvement de grève. De manière plus générale, c’est la « culture Bro », culture sexiste répandue dans les milieux de la tech, qui est mise en accusation.

Sur les 152 major games publiés en 2022, 61 % des personnages sont des hommes, 39 % des femmes, et 31,7 % des jeux vidéo mettent en scène des personnages exclusivement masculins. Dans les 50 RPGs les plus joués ces 30 dernières années, les hommes parlent en moyenne 2 fois plus que les femmes.
67 % des françaises jouent aux jeux vidéo, elles ont 39 ans en moyenne et représentent 48 % des personnes qui jouent au moins une fois par semaine. Mais 40 % d’entre elles affirment avoir déjà dû se résoudre à cacher leur genre dans des parties en ligne, 46 % des gameuses jugent les contenus qu’elles voient en ligne trop sexistes ou misogynes, et elles sont aussi 40 % à avoir déjà vécu des situations de harcèlement en ligne.

Il n’y a sans doute pas plus de sexistes dans le jeu vidéo que dans le reste de la société : ce triste constat n’est que le reflet de l’état des lieux en général ; mais, comme dans la littérature ou le cinéma, changer le contenu ne devrait‐il pas participer à changer les mentalités ?

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