Histoires de la Zad de Notre-Dame des Landes

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Classé dans : Lectures Mots clés : zad

La mémoire de ces lieux et des gens qui les ont fréquentés, de ce qui se jouait et se vivait sur ce bout de bocage, se dissipera aussi si elle n’est pas transmise, dans le brouillard de l’histoire des vainqueurs.ses.

Distro fReuqrupuq, 368 pages. Offset. 21 récits. Écrit entre 2020 et 2024. Entre 6 et 10 € environ
Pour le commander ou le distribuer : landes@riseup.net

Disponible à Marseille (histoire de l’œil, L’hydre, Librairie Transit…), Toulouse (Terra Nova, Cras, …), Paris (Publico, Cras, …), Brest (La lecture pour tous), Nantes (Les Bien‐aimés, Coiffard, Marguerite…), Tours (Les temps sauvages), Rennes (Blind Spot), Figeac (Librairie Champollion), Crest (La Balançoire), Lyon (La Gryffe, …), …

Ce bouquin entend conserver l’esprit de « masse anonyme », du bouillonnement qui a animé la « zone ». Pas de chef, pas de porte‐parole. À rebours du parti pris de livres publiés depuis 2012, aux clichés mettant en avant certains groupes ou individus qui ne représentent pas l’extrême hétérogénéité des occupant‑es.

L’intention première de cet ouvrage est de donner la parole à celles et ceux qui jusqu’ici, pour de multiples raisons, n’ont que peu ou pas été entendues. La diversité des personnes sollicitées et des lieux représentés, leur difficulté à s’exprimer aussi, expliquent souvent les délais — plusieurs années dans certains cas —, avant d’accepter l’écriture d’un récit ou l’enregistrement d’un témoignage. Celles et ceux qui ont offert leurs récits ne se sont pas concertés. Certains faits sont donc évoqués à de multiples reprises.

La résistance aux expulsions de 2012 est documentée par de nombreuses photos et vidéos. Certaines montrent des camarades qui se déplacent d’arbres en arbres, à dix ou quinze mètres de haut, sur des ponts de singe. Même si ces pratiques de funambules s’approchent du merveilleux, le plus touchant se déroule au pied des arbres : des dizaines, voire des centaines, de personnes encourageant les amies dans les airs, les applaudissant, jouant de la musique, sifflant, chantant.

Pourtant, quelques années plus tard, une fois l’abandon du projet d’aéroport acté, c’est une autre forme d’encouragement qui émergera : celui à dégager de la zad. À laisser place aux porteurs de projets validés par les administrations. À croire que la radicalité était alors perçue comme « utile » : on vous encourage parce que l’image médiatisée est forte et considérée efficace. Mais demain nous n’aurons plus besoin de vous, ni de ce genre de protestation. Alors il faudra partir. Car la plupart de ces camarades sur zone ne se résoudront pas à faire confiance à l’État. À signer des papiers avec la préfecture, à quitter leurs lieux de vie, à devenir raisonnables. Et deviendront par là‐même « des problèmes », des « saboteurs du mouvement » (sic). Tristesse. Rage.

On retiendra plutôt cette mise en garde, prémonitoire : « […] Ce qui se partage aussi, c’est de se battre sans s’en remettre aux politiciens, de ne pas entendre leur langue morte, de ne pas croire leurs promesses. De se méfier de leurs concessions. […] C’est à nous de prendre les choses en main, sans rien attendre de tous les rapaces qui font leur puissance sur notre dos […]. »

L’eau chaude, les cabanes, l’agriculture ou les communs, n’ont pas été inventés par la zad. Par contre, cette zone a offert autre chose : un terrain de jeux, un asile, une zone affranchie de beaucoup de règles, insolente, irréaliste, immature, anonyme. Durant presque une décennie, un grand nombre de personnes en mal avec la société s’y sont retrouvées. Et il aura fallu des années aux forces de l’ordre, et aux groupes dominants sur zone, avant qu’ils n’en (re)prennent le contrôle.

Les récits présentés dans ces pages se font l’écho de ces histoires.

Bien sûr, la fin de cette lutte est à l’image de bien d’autres. Elle vient rappeler que les profiteurs sont puissants et très divers, qu’ils apparaissent souvent parmi les « élites » de la lutte elle‐même. L’État les recherche pour créer un dialogue et les valide pour leur déléguer la pacification de ce qui lui échappe. Puis la porte est ouverte sur une longue carrière. La petite clique qui a piloté la fin de la lutte est bien issue du mouvement d’occupation. Elle a su saisir l’occasion pour capitaliser l’imaginaire rebelle et indomptable de la zad, tout en suivant la voie tracée par les organisations citoyennes, agricoles et politiciennes. — Mimi Cracra, l’une des rédactrices de ces Histoires de la ZAD.

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