Que se passerait-il, dans une société libertaire, si un projet socialement utile souhaité par une grande partie de la population s'opposait à l'intérêt particulier de quelques-uns ?
C'est une armada de flics qui est venue expulser les habitants du 260 rue des Pyrénées, dans le 20e arrondissement de Paris, occupé par des mal-logés acharnés pour se loger et s'organiser.
Quand le terrain électoral ne suscite plus d'espoir et que les luttes sont dans l'impasse, l'illusion de pouvoir aménager cette société et de maintenir quelques espaces de liberté laisse place au désir d'un changement radical de société.
La réflexion influence nos comportements et nos façons de nous impliquer dans les luttes ; et la participation aux luttes modifie nos perceptions du monde.
Nous voulons la liberté, le bien-être et le maximum de développement possible, matériel, intellectuel et moral, de tous les êtres humains.
Pour cela nous voulons détruire les injustices, les privilèges, les iniquités, les oppressions sous le poids desquelles demeurent les masses déshéritées ; nous voulons détruire l'exploitation capitaliste et la domination étatique ; et arriver à la constitution d'une société qui soit volontaire, cohbitation d'hommes libres, dans laquelle chacun jouisse des meilleures conditions permises par l'état des connaissances humaines et contribue, dans la mesure de ses capacités, à l'effort commun pour assurer à tous ces conditions-là. Et pour arriver à cela, la condition première, nécessaire et indispensable, est, à notre avis, l'expropriation, à l'avantage de tous, des détenteurs du sol et de toutes les richesses existantes, la dissolution des États et la destruction des organismes politiques qui sont à l'origine et les garants de l'oppression capitaliste.
Makhno, dans son programme de Plateforme, défend l'idée de responsabilité collective. Comme le montre Malatesta dans sa critique des réalisations des tenants de ce programme, il y a parfois loin des idées à leurs mises en pratique…
À la fin du mouvement de mai-juin 68, devant les usines Wonder, une femme pleure et crie qu'elle ne veut plus mettre les pieds dans cette tôle dégueulasse ; des syndicalistes l'incitent au calme et à savoir arrêter une grève, pendant que le contremaître appelle à reprendre le travail tranquillement…
Après l'expérience de la Makhnovchtchina, Nestor Makhno poursuit ses réflexions sur l'organisation des anarchistes et propose un programme visant à les unifier : la Plateforme ; Malatesta lui répond dans une correspondance de 1928.
Au-delà de l'intérêt historique, cet échange entre deux penseurs qui furent aussi des révolutionnaires tâchant de mettre en application leurs idées peut encore être utile aux réflexions des militants d'aujourd'hui.