Après 12 mois de grève, des milliers de sans-papiers d'ile de france n'ont
obtenu qu'un addendum au guide des bonnes pratiques
destiné aux préfets
(une victoire, selon la CGT) et quelques promesses non tenues. Il y a deux
mois, ils se sont installés à la Cité de l'immigration (à Porte dorée, Paris 12)
pour réclamer des préfectures le récépissé de dépôt de demande de
régularisation promis qui leur donne autorisation de séjour et de travail
pour 3 mois. Mais il y a trois semaines, la direction a décidé de fermer
le musée jusqu'à ce qu'ils libèrent la salle qu'ils occupaient, juste en
face de l'entrée (louée par le musée pour l'organisation d'événements tels
qu'un championnat de baby foot). Un accord a été passé entre le musée et
le syndicat : les sans-papiers ne passent plus la nuit dans le musée, ils
peuvent venir de 9h à 19h, deux pièces sont mises à leur disposition pour
faire leurs dossiers, dans les vestiaires (derrière les chiottes). Coincés
entre le chantage des préfectures (on n'examine pas vos dossiers si vous
ne cessez pas votre occupation) et celui des syndicats (l'accord passé
avec le gouvernement en fait des intermédiaires obligatoires pour déposer
leurs dossiers), ils n'ont plus que l'espoir chacun d'être à son tour
convoqué en préfecture pour la délivrance de ce récépissé. Ceux qui le
décrochent vont chercher du travail, et quittent donc le mouvement, en
espérant que leur autorisation sera renouvelée après les trois mois ; les
autres patientent, sans argent, souvent sans logement, et dans l'oubli
médiatique.
Les cris de Grève générale !
résonnent encore dans nos têtes comme le lointain écho d'un mouvement social. Les banderoles sont remisées, les drapeaux au placard, mais la lutte des classes reste toujours d'une réalité brûlante, comme la nécessité de porter encore et toujours notre projet d'une société libertaire.
Pas question de déposer les armes de la critique !
Les deux récents numéros des Nouvelles de la librairie donnent encore à voir le dynamisme de l'édition libertaire ou de l'intérêt que peuvent porter nombre d'éditeurs aux idées du courant anti-autoritaire.
Lire la suite de Publico
Ça devait être LA grande bataille
. Un grand mouvement. Enfin gagner face au gouvernement et au patronat. Une victoire, enfin… L’espoir aussi que dans ce mouvement s’amorce autre chose
que des manifs traîne-savates et des journées d’action sans lendemain. L’espoir de voir s’ouvrir, comme souvent dans de grands mouvements sociaux ou dans la grève générale, une brèche dans l’aliénation quotidienne. Que tous ceux qui, isolés dans l’exploitation quotidienne, se retrouvent enfin, discutent, échangent, s’ouvrent à des idées folles d’utopies et de révolutions, se disent que la vie c’est ça, être ensemble et solidaires.
Lire la suite de Des victoires dans la défaite ?
Les directives préfectorales enjoignant à des Centres d'Hébergement d'Urgence de fermer leur porte aux sans-papiers ont suscité une large indignation. Si les lecteurs du Figaro se plaignent sur son site Internet que cette pratique ne soit pas généralisée, la gauche et les caritatifs vont jusqu'à s'insurger
: trier les pauvres serait une dérive républicaine.
Pourtant, personne n'échappe au tri : on est responsable ou tacheron, sans-papiers ou français, SDF ou au chaud. À l'intérieur de ces catégories, des sous-catégories : sous-fifre ou au bas de l'échelle, demandeur d'asile ou clandestin, vagabond avec ou sans papiers ; et pour chacun, plus ou moins de droits et de privilèges ou de devoirs et d'emmerdes.
Mais la Nation prend soin de ses citoyens, et puis on a quand même bon cœur : les équipements urbains sont étudiés pour empêcher le repos des clodos, mais on les héberge quand il fait trop froid - enfin, ça dépend : si, officiellement, on ne manque pas de places dans les centres d'urgence, la presse rapporte le cas d'un couple contraint d'abandonner ses enfants à l'Aide Sociale à l'Enfance pour ne pas qu'ils dorment avec eux dehors...
Patrick Declerck, en se faisant passer pour un clochard, s'est invité dans ces centres, qu'il décrit dans Les naufragés : en découvrant ce que sont ces lieux, on comprend pourquoi la plupart des hébergés
leur préfèrent le froid, même s'il peut être mortel. Il rappelle aussi que, si chaque année on semble redécouvrir que le froid tue (puisqu'on ne fait rien pour empêcher les causes de ces morts de produire à nouveau leurs effets), chaque année aussi on oublie que la rue tue autant en été qu'en hiver : le crime ne vient pas du froid, mais d'un système qui laisse des logements vides là où on crève sur les trottoirs.
Égalité
, qu'ils disent...
Lire la suite de Égalité, Fraternité, Crève !
Deux grands courants préparèrent et firent la Révolution. L’un, le courant d’idées, le flot d’idées nouvelles sur la réorganisation politique des États, venait de la bourgeoisie. L’autre, celui de l’action, venait des masses populaires, des paysans et des prolétaires des villes, qui voulaient obtenir des améliorations immédiates et tangibles à leurs conditions économiques. Et lorsque ces deux courants se rencontrèrent, dans un but d’abord commun, lorsqu’ils se prêtèrent pendant quelque temps un appui mutuel, alors ce fut la Révolution.
Lire la suite de Kropotkine : La grande révolution (1789-1793) – 1. Les deux grands courants de la Révolution