La tâche des anarchistes est de travailler à renforcer les consciences révolutionnaires des organisés et à rester dans les syndicats, toujours en tant qu'anarchistes.
Il est vrai que, dans bien des cas, les syndicats sont contraints de transiger et de faire des compromis, pour des raisons d'ordre immédiat. Je ne le leur reproche pas ; mais c'est précisément pour cette raison qu'il me faut bien reconnaître que l'essence des syndicats est d'être réformistes.
Un soir, sur le chemin du métro, je tombe en arrêt devant une affichette : Quelle réussite pour les jeunes des quartiers populaires ? Réunion-débat organisée par le C.C.I. (Convergences citoyennes Ivry, un collectif apolitique qui se propose d'améliorer la vie sociale dans la cité), animée par Antoine Spire, de la L.D.H., et Azouz Begag, auteur du Gône de Chabah. À priori, rien d'alléchant. Quoique... Le thème me paraît propice à tous les débordements. Et si personne ne se charge d'apporter de critique politique, je prendrai mon courage à deux mains !
Il y a des époques, avons-nous dit, où la conception morale change tout à fait. On s’aperçoit que ce que l’on avait considéré comme moral est de la plus profonde immoralité. Ici, c’était une coutume, une tradition vénérée, mais immorale dans le fond. Là, on ne trouve qu’une morale faite à l’avantage d’une seule classe. On les jette par-dessus bord, et l’on s’écrit : À bas la morale ! On se fait un devoir de faire des actes immoraux.
Saluons ces époques. Ce sont des époques de critique. Elles sont le signe le plus sûr qu’il se fait un grand travail de pensée dans la société. C’est l’élaboration d’une morale supérieure.
D’ailleurs, ce principe de traiter les autres comme on veut être traité soi-même, qu’est-il, sinon le principe même de l’Égalité, le principe fondamental de l’Anarchie ? Et comment peut-on seulement arriver à se croire anarchiste sans le mettre en pratique ?
À Saint-Denis, Paris, Vitry, Ivry, Poissy, Saint-Ouen ou Montreuil/Bagnolet, comme à Hambourg et partout en Europe, organisons la résistance, reprenons la ville pour en faire un terrain de lutte.