Quelle horreur, ces pochetrons qu'on ramasse évanouis dans les caniveaux ! s'écrient en chœur les alcooliques qui ne sont jamais tombés si bas. Cette différence spectaculaire leur permet de nier leur propre dépendance, les dégâts tout aussi réels infligés à leur organisme. Même déni chez les racistes modérés. Ils ne sont pas comme ces gros bœufs qui n'hésitent pas à claironner : Si je vote Le Pen, si je vomis nègres et ratons, c'est parce que je suis incapable de tolérer la différence !
Or, cette variété de racistes est quasiment une vue de l'esprit. La grande majorité préfère avancer des explications : Je suis raciste parce que... (objectivement, les immigrés sont inférieurs et dangereux), Je ne suis pas raciste, mais... (objectivement, les immigrés sont inférieurs et dangereux), Je suis antiraciste, mais... (les immigrés ne m'y aident pas et je vais vous détailler en quoi objectivement, ils sont inférieurs et dangereux).
Ces derniers temps, les médias font de gros efforts pour fournir de nouvelles justifications. Délinquance, machisme, terrorisme, intégrisme religieux, etc. Faux débats, montés de toutes pièces pour détourner l'attention des méfaits du gouvernement ? Évidemment ! Sans compter qu'en période de crise, les boucs émissaires sont toujours les bienvenus... Mais quels que soient leurs mobiles, cette peur savamment inoculée ne reste-t-elle pas imprimée dans beaucoup d'esprits ?
Un taux record d'abstention, la droite accusée de faire le lit du FN : les élections cantonales ont été l'événement médiatique du week-end. Après le dernier échec, cuisant, du mouvement social pour la défense des retraites, l'alternance se prépare pour continuer à gérer au mieux les intérêts du capitalisme.
Il n’y a qu’une façon de faire la guerre : la sale. (Cavanna, quand il était jeune)
July n’a pas mâché ses mots dans son éditorial (Libération du 11 septembre 2002) oui à la guerre (contre l’Irak) de 1991, non à celle de 2002 !)
Parions qu’une fois la guerre commencée, il se trouvera de bonnes raisons pour ramer dans le sens du courant ! Ce genre de revirement éclair serait tout à fait dans sa manière et dans celle des journalistes en général. Puisque ces évènements nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs…
En attendant, la perspective d’une intervention en Irak ne suscite pas le même consensus que pour le Kosovo ou l’Afghanistan. N’empêche. L’antimilitarisme est carrément passé de mode. Tous médias confondus, ou presque, on ergote, on justifie ou on regrette mollement, on y pense… et puis on oublie. L’intendance suit sans discuter, reprenant à son compte une morale furieusement « tendance » : la guerre, remède miracle à l’oppression !
La morale, en général, c’est bien quand ça ne coûte pas cher, ou quand ce sont les autres qui payent. Et pour un gouvernement, c’est surtout bien quand ça rapporte.
Seule une poignée d’irréductibles ne désarme pas : non, la guerre n’est pas une solution à quelque problème que ce soit, jamais, nulle part, d’aucune façon ! Le remède est pire que le mal, cela se vérifie toujours ! Mais où sont passés les antimilitaristes radicaux, si nombreux et si virulents il y a seulement trente ans ?
L'intervention militaire en Lybie ne peut avoir que des conséquences dramatiques pour des buts contraires à une révolution populaire. Les anarchistes, farouchement opposés à l'Etat et à la guerre, sont pourtant divisés sur la question, depuis les positions (autour de Kropotkine) pour l'engagement dans la première guerre mondiale, en passant par la guerre humanitaire en Yougoslavie.